Balthasar Burkhard
Le Buffle, 1997
photographie noir-blanc contrecollée sur aluminium
Le Buffle, 1997
photographie noir-blanc contrecollée sur aluminium
Le Buffle fait partie d’une série élaborée
à la fin des années 90, où, d’une ménagerie de cirque à l’autre,
Burkhard entreprend d’en immortaliser les plus beaux spécimens. D’une
image à l’autre (lion, zèbre, puma, chameau, cochon laineux, cheval
frison…), on retrouve le même protocole de prise de vue : l’animal est
photographié en entier, de profil, sur le terrain sablonneux typique des
ménageries, devant une large bâche tendue ; le tirage noir-blanc
présente l’animal en taille réelle. Le dispositif rappelle les campagnes
des premiers photographes ambulants, proposant leurs services et leur
décor au quidam impressionné, posture calibrée, temps de pose
interminable. Ici, le projet paraît paradoxal, tant l’animal semble figé
dans une pose artificielle, comme pour ressembler à l’image idéale,
trop explicite, qu’on s’en ferait ; portraits mélancoliques d’une espèce
en voie de disparition, vestiges d’une animalité trop maîtrisée, qui en
perdant de sa sauvagerie, perdrait un peu de l’essence même de sa vie.
La photographie elle-même s’y voit épinglée, dans ce qu’elle a
d’artifice, dans son rapport complexe au temps et à la vie, dans son
rêve impossible de dire et de conserver l’éphémère. (ABLB)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire