Attaquée en ses deux extrémités, la maturité adulte se trouve fragilisée en son coeur même. En elle se concentrent toutes les angoisses de l'individu contemporain. Car s'il y a une crise de l'âge adulte, c'est aussi parce que l'âge adulte est devenu lui-même une longue crise. Alors que l'adolescence se vit sur le mode de la révolte, la "crise du milieu de la vie" est la période du désarroi: comment rester un individu après la famille et après les destins rêvés ?
A cet âge, trois évidences existentielles au moins s'estompent : on cesse d'être l'enfant de ses parents, on cesse aussi d'être parent à temps pleins, on cesse de se rêver un avenir professionnel radieux. Si l'on échoue dans ses projets, on déprime parce qu'on a échoué, et si on a réussi, on déprime parce qu'il n'y a plus rien à espérer.
Les grandes raisons de vivre s'effacent. Il ne reste plus qu'à être sois-même, ce qui est loin, bien loin, d'être aisé ou exaltant. Romain Gary raconte cette expérience dans son roman, "Au-delà de cette limite, votre ticket n'est plus valable".
L'auteur achève son texte par ces mots : "je n'ai jamais vu aussi clairement en moi-même qu'en ce moment, où je ne vois plus rien.
Philosophie des âges de la vie
Eric Deschavanne et Pierre-Henri Tavoillot
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